Dans l'article précédent, je n'avais écrit que "demain demain demain"... Par peur d'être déçue si je n'y arrivais pas. Je ne voulais pas formuler mon rêve avec des mots précis. J'ai préféré attendre. Avant d'y aller, on ne sait pas. Il y a cette attente. Je ne sais pas ce qu'il va se passer, je ne suis même pas sûre qu'elle sera là... Si elle est là je pourrai sûrement la voir, la prendre en photo... Mais est-ce que je vais pouvoir lui parler ? Est-ce que est-ce que est-ce que ? Comme quand je suis dans la petite chambre, tout là haut, au numéro 14, à Epône, et qu'il est 8h44 et que je ne sais pas... Et que j'esquisse mille interrogations sur mon cahier... Tout est donc encore possible. Même quand je monte dans le métro. Même quand j'arpente la rue des Carmes. Même quand j'écoute les musiciens aux joues et aux nez roses qui jouent joyeusement sur la place de la Cathédrale. Et puis elle arrive.
Quelques personnes l'abordent, là-bas. J'imagine que ce sont des gens qu'elle connaît, ou des journalistes.
Le maire s'approche d'elle quelques instants plus tard, elle hoche la tête en souriant, et le suit.
Je la vois rejoindre les escaliers qui la mènent à l'estrade accompagnée d'Astrid Bétancourt, du maire de Rouen, et des membres du comité de soutien d'Ingrid Bétancourt.
J'essaye de saisir son visage grâce à ma caméra, pendant que les autres parlent, j'écoute, bien sûr, tout en illustrant leurs mots avec son visage à elle, son sourire, son regard qui se balade sur l'estrade, mais aussi dans les yeux de tous les gens qui sont face à elle et qui écoutent, silencieux et émus.
Le maire dit quelques mots, puis c'est Astrid Bétancourt qui reste quelques minutes derrière le micro, puis quelques autres personnes, et enfin, je vois Florence se diriger vers le micro.
Si j'ai enregistré quelques passages des discours du maire et d'Astrid Bétancourt, je filme la totalité de celui de Florence Aubenas.
Il n'est pas très long, mais franc et sincère, comme son rire.
Là j'en profite.
Je la prends en photo, en film, j'enregistre chacun de ses gestes.
Je suis stupéfiée par son regard.
Son regard si bleu, incroyablement lumineux, et si puissant...
Elle devient chacun. Elle me fait penser à plein de personnes tout à coup. Et je suis toute tremblante, toute émue, un peu fébrile même, de la regarder comme ça, d'être là, si près d'elle. Pour de vrai.
C'est drôle car dans tous mes rêves, à chaque fois que je vis quelque chose de fort, quelque chose que je veux immortaliser, quelque chose dont je veux me rappeler (et ce n'est pas forcément quelque chose d'extraordinaire ni quelque chose d'impossible), j'ai toujours ma caméra avec moi.
Ce matin en me réveillant, j'ai eu la même sensation que d'habitude...
Je me suis dit "ça fait vraiment du bien de rêver. Je vais avoir les yeux dans le vague toute la journée, éclairée de l'intérieur par ce si beau rêve".
Et puis après tout doucement, la vérité m'est revenue. J'ai aperçu le tee-shirt "LIBERTAD" posé sur mon siège...
Et très calmement, je me suis dit : "quel bonheur... Ce n'était pas un rêve...".
Comme j'étais là, comme elle était là, comme je pouvais monter moi aussi sur l'estrade, derrière les journalistes et les membres du comité de soutien, j'y suis allée, et je lui ai demandé de prendre cette photo avec moi.
Et je lui ai dit que dans ses yeux, je voyais la liberté.
Commentaires :
feecora
coucou
à bientôt